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Météo Muizon
Le village - Le château


     
Si la fin du château de Muizon est connue, ses origines sont moins précises.
On sait que le village existait au VIIème siècle.
En 1216, la terre de Muizon est devenue terre seigneuriale. Baudouin de Rains, un des vassaux du comté de Champagne, reçoit par échange la terre de Muizon, échange approuvé par la comtesse Blanche.
Il est vraisemblable que les descendants de Baudouin aient construit une « maison forte » à l’emplacement du futur château.
Tous les villages situés aux environs possédaient un château : Gueux, Rosnay – Sapicourt, Chalons sur Vesle, La Muire…
Mais à plusieurs époques les châteaux ont été détruits, nous en citerons deux.

 

A la veille de la guerre de Cent Ans (en 1359), les hauteurs voisines de Saint Thierry, Brimont, Villers Allerand étaient occupées par les anglais, le roi Edouard III assiège Rains, détruisant même les villages aux alentours. Certains n’ont pas été reconstruits près de Bétheny, près de Prosnes, près de Loivre, près de Courcy… et surtout Mont Saint Pierre, près de Tinqueux.
Muizon a dû souffrir de cette occupation.
En juillet 1359, en prévision du siège de Reims par les armées d’Edouard III, diverses forteresses et maisons fortes furent « arrasées » aux alentours de la ville par commandement de Gaucher de Chastillon, capitaine de Reims.

« Si le château de Muizon ne s’était pas trouvé compris parmi ceux dont les destructions ont eu lieu en exécution des ordres donnés ci-dessus, il a bien pu être brûlé par les Anglais lors du siège de Reims… »

Tous les documents concernant le château de Muizon auraient alors disparu. Nous n’avons donc aucun renseignement sur la période 1343 – 1436.

Durant la Fronde, période trouble où l’on vit Condé et Turenne opposés à Mazarin, puis entre eux, le Duc de Lorraine est passé par Muizon : « ses troupes ont sans doute ravagé le pays », donc le château en 1652.

Nous avons des reproductions de dessins et de peintures communiquées par M. J.B. Jourdain de Muizon, descendant des derniers seigneurs de Muizon.

Le château a été « modernisé » en 1659, donc après les dégâts subis lors de la Fronde.
La peinture reproduite conservée à Paris par la famille de J.B. de Muizon montre bien que le château, les murs et une partie des bâtiments de la ferme composaient un vaste ensemble carré entouré de toutes parts par des douves alimentées par les eaux de la Vesle. C’est une exigence impérative qui avait fait établir la première maison forte dans ces bas-fonds, peu salubres à l’époque, bien adaptés aux nécessités d’une région de tout temps traversée par les invasions et régulièrement ravagée par les armées de tous les pays.

Le tableau indiqué porte « symboliquement » les traces des trois générations de soudards : 1814 un coup de sabre des cosaques, 1870 un coup de baïonnette des Prussiens, 1914 un coup de pistolet des Allemands. En 1944, c’est tout le château qui a été fortement endommagé.

Nous signalerons qu’à la Révolution, un des frères Jourdain de Muizon, Charles Auguste, est resté au château avec sa sœur Charlotte.
Il n’hésitera pas à faire baisser la tour du château d’un étage pour que les émissaires de la République passant sur la route qui domine le village « ne se montrent pas trop curieux ».
L’autre frère, Jean-Baptiste, émigra en 1792.
Le château n’a donc pas été vendu, mais seulement une partie des terres appartenant à Jean-Baptiste émigré.

L’autre reproduction est l’image d’une scène du temps de la chaise à porteurs, l’aile située à gauche de la porte n’existe déjà plus.

La fin du château, août 1944

En 1914, le château avait subi d’importants dégâts mais il a été en grande partie restauré. En août 1944, il sera très endommagé.

Durant la retraite, le château est occupé par environ 150 soldats allemands qui logent dans les trois niveaux du château. Dans la cour stationnent des camions chargés de munitions et d’explosifs près de l’office et derrière des camions d’essence. Vers cinq heures du matin, les habitants entendent des explosions et peuvent observer l’incendie qui se déclenche.
Dans le village, c’est un peu la panique, l’idée première est qu’un attentat de la part de la Résistance peut provoquer des répressions. Des soldats allemands rassurent quand même les habitants, précisant que l’accident serait dû à l’un d’entre eux.
« Soldat allemand… très mauvais comportement »
« Nicht terroriste. Monsieur officier, gross malheur… »

 

On connaît deux versions sur l’auteur de l’attentat. La première, ce serait un jeune lieutenant, fils d’un général, dont la famille aurait été décimée après l’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944. Hitler a été blessé, les généraux et leurs complices ont été fusillés ou pendus à des crochets de boucherie en représailles. La seconde version rapportée par M. Bondon qui logeait des officiers de l’unité est plus précise. Ce jeune lieutenant revient de permission en Allemagne. Sa mère et sa sœur ont été tuées lors d’un bombardement allié, son frère a été tué sur le front russe et son père, officier supérieur, a été fusillé sur l’ordre de Hitler pour avoir fait marche arrière avec son unité devant l’armée russe (l’histoire confirme ce genre de fait).
Malgré des recherches auprès de services allemands, le nom de l’auteur de l’attentat suicide n’est pas connu.
Vers cinq heures du matin, il va voir son commandant et lui déclare que désormais il n’exécuterait plus les ordres. Après un rappel de la discipline dans l’armée allemande, ce commandant lui tend une arme : « Vous savez ce qu’il vous reste à faire… » Au lieu de se suicider, il tue le commandant, sort dans la cour du château et tire dans les camions de carburant qui se mettent à brûler, l’incendie faisant sauter les munitions et les explosifs contenus dans d’autres camions. Dans cet univers « dantesque » qu’est devenue la cour du château, les hommes se sauvent, sautent par les fenêtres, même du second étage. Il ne restera que quelques murs du château, de nombreux tués, blessés, brûlés. Des rescapés se sauveront dans le pays « même en caleçon ». Le bilan n’est pas connu, mais il a été très lourd et l’auteur de l’attentat figure parmi les victimes.
Le château n’a jamais été reconstruit tel qu’il était, il en reste quelques vestiges.

Ce fait « divers » à l’époque, important pour la commune a peut être sauvé celle-ci d’un autre malheur. Cette unité allemande était spécialement déployée pour la lutte anti-chars contre les américains qui arrivaient. Des postes avec « bazookas » étaient installés aux abords de la nationale en 5 ou 6 endroits, au bas du Champ Jeudi, aux Vautes et route de Rosnay. Que se serait-il passé le 24 août 1944 si les évènements n’avaient pas pris cette tournure ?


Le château pendant la guerre 1914 – 1918 a servi « d’ambulance » ou d’infirmerie dans les communes.
La partie château servait en grande partie au logement des officiers supérieurs, généralement des unités qui stationnaient à Muizon ou qui étaient de passage dans la commune.

Nous avons des photos qui montrent l’utilisation ponctuelle du château. Celles-ci ont été prises par M. Bailliot, alors maire et exploitant de la ferme du château.

Alors que les sections automobiles ou de spahis sont logées dans la cour de la ferme, certaines manifestations se déroulaient dans le parc ou dans la cour du château.

Jean-Claude CARNOYE


Date de création : 26/11/2008 @ 14:44
Dernière modification : 12/12/2020 @ 20:45
Catégorie : Le village
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